Saint Suaire la Science aveuglée par la passion
par Isabelle Bourdial
UNE TECHNIQUE MÉDIÉVALE PERMET BEL ET BIEN DE FABRIQUER UN SUAIRE !
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Pour cette expérience, la sculptrice Renata Censo a exécuté un bas-relief en plâtre représentant le visage du Christ supplicié. |
L'image impossible... C'est ainsi que les partisans du suaire nomment la relique. Et ils en soulignent le caractère non reproductible, arguant du fait que les diverses tentatives pour exécuter une réplique crédible n'ont abouti qu'à de vagues ébauches peu concluantes. Ceux qui invoquent la nature « surnaturelle » de l'image de l'homme du linceul appuient aussi leur argumentation sur le fait qu'elle résiste à la chaleur, à l'eau et à certains acides. Des arguments qui ne tiennent pas, selon le Dr di Costanzo, du centre hospitalier universitaire de Marseille, un médecin passionné par les énigmes historiques.
1. L'image est tout d'abord réalisée
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Est-il possible de copier, le suaire avec les techniques d'un faussaire médiéval? S'inspirant des essais conduits par Joe Nickell et Henri Broch, zététiciens américains et français, Jacques di Costanzo a utilisé de l'oxyde ferrique mélangé à de la gélatine (riche en collagène), un liant couramment utilisé au Moyen Age pour fixer les couleurs.
Un drap mouillé est appliqué sur le bas-relief. Après séchage, il est tamponné avec la solution colorée. En présence de notre journaliste, des empreintes superficielles en "négatif" du visage sont ainsi obtenues et leur cliché en "positif" fournit des images très proches de celles du suaire. Le bas-relief s'est révélé indispensable pour éviter la déformation panoramique de l'empreinte après étalement du tissu. |
Nous l'avons pris au mot et lui avons demandé de réaliser pour nous un faux, en d'autres termes de se mesurer à cette « image impossible ». Jacques di Costanzo s'y est essayé, recourant aux procédés les plus plausibles ou les mieux documentés. En effet, plusieurs techniques ont déjà été expérimentées : pigments photographiques appliqués sur une sculpture exposée à un faisceau lumineux convergent, « vaporographie » avec ammoniaque et aloès, c'est-à-dire combinaison simulant le mélange des vapeurs d'ammoniaque de la sueur du supplicié et de l'aloès dont était enduit le corps des juifs défunts, frottements d'un tissu appliqué sur un bas-relief avec des pigments d'oxyde de fer, etc.
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2. Elle résiste aux tests
L'empreinte s'est irréversiblement fixée aux fibres. Le tissu a résisté au lavage, au chauffage à 250°C. Il a aussi été trempé dans de l'acide citrique et du bisulfite (qui réduit l'oxyde ferrique en oxyde ferreux), et enfin immergé pendant vingt-quatre heures dans de l'acide oxalique (un décapant anti-rouille). Or, l'image n'a pas été altérée.
Le collagène est bien le liant. En effet, un échantillon du même tissu, imprégné d'oxyde de fer pur, exempt de gélatine, ne résiste pas à l'immersion dans l'eau ou au contact de l'acide oxalique. Ses pigments s'y diluent, altérant les taches colorées. Preuve que si l'oxyde ferrique s'est lié de manière irréversible aux fibres du tissu de notre "suaire", c'est parce qu'il a été fixé par la gélatine. |
Dans le laboratoire de pharmacie galénique du professeur Jean-Pierre Reynier de la faculté de pharmacie de Marseille, notre scientifique a d'abord testé le frottement à l'oxyde ferrique, une méthode simple qui aurait pu être employée au Moyen Age.
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3. La preuve par défaut
Pour simuler la présence d'un supplicié, on utilise la vaporographie. Cette technique reproduit les effets d'une réaction chimique s'opérant à la surface du corps du supplicié. Jacques di Costanzo a appliqué, sur le bas-relief, une solution d'ammoniaque à des concentrations de 3 à 5 fois celle de la sueur humaine, puis de la teinture d'aloès.
Or, aucune impression n'a été obtenue par ce procédé, qu'elle qu'ait été la séquence d'application des différents produits, ni après chauffage de la solution d'ammoniaque et exposition du tissu aux vapeurs. |
Le linceul obtenu devait répondre à plusieurs critères établis en fonction de l'original : son image, monochrome, devait présenter de nombreuses nuances, c'est-à-dire une gradation d'intensité de la couleur; l'impression être superficielle et invisible sur l'envers du tissu (à l'exception des taches de « sang ») sans paraître directionnelle, c'est-à-dire sans présenter de traces de pinceau ; en outre, elle devait résister à la fois à la chaleur et à des acides délayant les couleurs ; enfin, elle devait ressortir en positif sur un négatif photo.
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Sur le négatif photo, le visage devient surprenant de réalisme.
Ses reliefs ressortent particulièrement. |
Le résultat ? Il est tout bonnement surprenant (voir-ci-contre) et très, très convaincant. Par ailleurs, le Dr di Costanzo a aussi testé la vaporographie, simulant des réactions chimiques s'opérant sur le corps d'un supplicié. Mais cette fois sans succès (voir p. 120). Il est visiblement plus facile de faire un faux qu'un vrai...
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Holy Shroud Science blinded with passion
by Isabelle Bourdial
A MEDIEVAL TECHNIQUE INDEED MAKES IT POSSIBLE TO MANUFACTURE A SHROUD!
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For this experiment, the sculptress Renata Censo carried out a low-relief in plaster representing the tortured face of Christ. |
The impossible image... Thus the partisans of the shroud name the relic. And they underline the no reproducible character of it, alleging that the various attempts to carry out a credible counterpart led only to vague not very conclusive outlines. Those which call upon the « supernatural » nature of the image of the man of the shroud support also their argumentation on the fact that it resists heat, water and certain acids. Arguments which do not hold, according to Dr. di Costanzo, of the university hospital complex of Marseilles, a doctor impassioned by the historical enigmas.
1. First of all, the image is carried out
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Is it possible to copy, the shroud with the techniques of a medieval forger? Taking as a starting point the tests carried out by Joe Nickell and Henri Broch, American and French zeteticians, Jacques di Costanzo used ferric oxide mixed with gelatin (rich in collagen), a binder usually used at the Middle Ages to fix the colors.
A wet cloth is applied to the low-relief. After drying, it is dabbed with the colored solution. In the presence of our journalist, superficial imprints in "negative" of the face are thus obtained and their equivalent in "positive" provides images very close to those of the shroud. The low-relief was essential to avoid the panoramic deformation of the imprint after spreading out of fabric. |
We took him at his word and asked him to produce for us a forgery, in other words to measure himself with this « impossible image ». Jacques di Costanzo tested himself there, resorting to the most plausible processes or best documented. Indeed, several techniques were already tested: photographic pigments applied on a sculpture exposed to a convergent beam of light, « vaporography » with ammonia and aloe, i.e. combination simulating the mixture of the chemical vapors of ammonia of the sweat of the tortured victim and aloe whose the body of the late Jews was coated, rubbings of a fabric applied to a low-relief with pigments of iron oxide, etc.
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2. It resists the tests
The imprint was irreversibly fixed at fibers. The fabric resisted washing and 250°C heating. It was also soaked in citric acid and bisulphite (which reduces ferric oxide in ferrous oxide), and finally immersed during twenty-four hours in oxalic acid (an anti-rust pickling solution). However, the image was not faded.
Collagen is well the binder. Indeed, a sample of same fabric, impregnated of pure iron oxide, free from gelatin, does not resist the immersion in water or the oxalic acid. Its pigments are diluted and deteriorate the colored stains. Proof that if the ferric oxide bound in an irreversible way to fibers of fabric of our "shroud", it is because it was fixed by the gelatin. |
In the galenic pharmaceutical laboratory of professor Jean-Pierre Reynier of the faculty of pharmacy of Marseilles, our scientist initially tested friction with ferric oxide, a simple method which could have been employed at the Middle Ages.
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3. The proof by default
To simulate the presence of a tortured victim, the vaporography is used. This technique reproduces the effects of a chemical reaction taking place on the surface of the body of the tortured victim. Jacques di Costanzo applied, to the low-relief, an ammonia solution with concentration rates from 3 to 5 times versus human sweat, then the aloe tincture.
However, no impression was obtained by this process, for different sequences of application of the various products, nor after heating of the solution of ammonia and exposure of fabric to the vapors. |
The shroud obtained was to answer several criteria established according to the original: its image, monochromic, was to present many nuances, i.e. a gradation of intensity of the color; the impression being superficial and invisible on the back of fabric (except for the « bloodstains ») without appearing directional, i.e. without presenting traces of brush; moreover, it was to resist at the same time heat and acids watering the colors; finally, it was to arise into positive on a negative photo.
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On the photo negative, the face becomes surprising of realism.
Its relief is particularly protruding. |
The result? It is extremely surprising (see figure) and very, very convincing. In addition, Dr. di Costanzo also tested the vaporography, simulating the reactions taking place on the body of a tortured victim. But this time without success (see p. 120). He is obviously easier to make a forgery than a true shroud...
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