L'énigme de
la Mary-Celeste

L'énigme de la Mary-Celeste contribue à entretenir le mythe des vaisseaux fantômes.

un « derelict » du XIXe siècle

Dans les annales des disparitions en mer, le nom de la « Mary-Celeste » est resté célèbre. Cette énigme qui n’a toujours pas été résolue contribue largement à entretenir le mythe des vaisseaux fantômes, ces « derelicts » ou bateaux abandonnés mystérieusement et qui défrayent depuis des siècles la chronique maritime.

L’histoire de la marine fourmille de mystères semblables à celui de la « Mary-Celeste ». Des dizaines de navires ont été ainsi abandonnés, soudainement et sans raison apparente, par des équipages que l’on n’a jamais revus. La rubrique ci-contre donne une liste non exhaustive de ces Vaisseaux Fantômes que l'on découvre encore aujourd'hui sillonnant les mers du globe.

La découverte de la « Mary-Celeste »

Le 4 décembre 1873 au matin, le trois-mâts anglais « Deo-Gratias » repère un brick qui dérive dans l’Atlantique Nord à mi-chemin entre les Açores et le Portugal. Sa position était alors d'environ 37° de latitude nord et 18° de longitude ouest.

Le voilier suit une route curieusement oscillante et presque toutes ses voiles sont carguées.

Le capitaine Moorehouse, commandant du « Deo-Gratias », monte sur le pont, prend ses jumelles et examine le brick qui se trouve à un demi-mille environ. Stupéfait, il constate qu’il n'y a ni homme de barre, ni homme de veille, ni officier, ni matelot: le bateau semble désert.

Poussé par la brise qui gonfle ses voiles, le brick vient à passer par le travers du « Deo-Gratias ». Le capitaine Moorehouse braque ses jumelles sur la poupe du « derelict » et lit son nom avec stupeur: il s’agit de la « Mary-Celeste ».

On le héla en vain, mais nul ne répondit. Le capitaine Moorehouse fit mettre un canot à la mer et envoya un lieutenant et deux matelots visiter la « Mary-Celeste ». Si le brick était réellement abandonné, il devenait prise légitime et le capitaine Moorehouse pouvait réclamer à ses armateurs la prime légale attribuée aux sauveteurs d'un « derelict », un bateau abandonné en mer. Les trois hommes envoyés à bord de la « Mary-Celeste » firent d'étranges découvertes...

    

Le Deo-Gratias repère un brick qui dérive dans l’Atlantique Nord

Le « Deo-Gratias » repère un brick
qui dérive dans l’Atlantique Nord
à mi-chemin entre les Açores et le Portugal.


L'étonnante visite à bord de la Mary Celeste

Fait du hasard, le capitaine Moorehouse avait dîné à bord du voilier avec son capitaine, Benjamin Spooner Briggs, un mois plus tôt. Quelques jours après, la « Mary-Celeste » appareillait pour Gênes avec une cargaison de 1.700 tonneaux d’alcool pur. A bord, en plus des sept hommes d’équipage, se trouvaient la femme du capitaine et sa petite-fille de deux ans.

Le capitaine Moorehouse fait fouiller le navire de fond en comble. Le vaisseau se révèle désert et sans canot de sauvetage. Dans les cales, les hommes du « Deo-Gratias » découvrent la cargaison d’alcool et des vivres pour au moins six mois.

On s’étonne du désordre indescriptible qui règne dans la cabine du capitaine. Dans le carré des matelots, par contre, tout est en ordre. Le compas et les autres instruments de navigation sont cassés ou ont disparu.

La dernière mention portée au journal de bord date du 24 novembre, soit dix jours avant la découverte du brick abandonné. Ce journal indiquait le dernier point relevé par le capitaine: 36° de latitude nord et 27° de longitude ouest, suivi de cette simple mention: « Beau temps ».

Apparemment, le navire dérive depuis près de deux semaines et a parcouru environ 500 milles. Les avaries ne sont pourtant pas très importantes. Deux des écoutilles se sont rompues et un mètre d’eau environ a envahi la cale. Un tonneau d’alcool a été éventré et une entaille, faite à la hache, apparaît dans l’une des rambardes.

Fait étrange, les six fenêtres des logements de l’arrière sont condamnées par de la toile et des planches. Un seul indice plaide en faveur d’un acte criminel : une épée rouillée est découverte sous une couchette.


L'enquête n'éclaircit pas le mystère

Moorehouse ramène la « Mary-Celeste » à Gibraltar pour la faire examiner par les autorités judiciaires. Quelques détails qui avaient échappé aux hommes du « Deo-Gratias » sont analysés minutieusement. D'abord la coque de la « Mary-Celeste » comporte à l'avant des entailles, et notamment une entaille longue de deux mètres juste au dessus de la ligne de flottaison, qui peuvent faire penser à un abordage. Ensuite, la lisse de tribord est maculée de taches ressemblant à du sang. Y avait-il eu un massacre ou une mutinerie ?

Un rapport détaillé est envoyé aux autorités américaines, au ministère du Commerce de Londres et à tous les consulats anglais et américains à travers le monde afin de rechercher les éventuels survivants de la « Mary-Celeste ». En attendant les résultats de ces recherches, l'enquête se poursuit à Gibraltar. Les résultats sont décevants. Un examen approfondi révèle que les traces rougeâtres relevées sur le bastingage de tribord ne sont point des taches de sang mais de la rouille, ce qui fit abandonner l'hypothèse d'une mutinerie ou d'un massacre.

Malgré tout, faute d’explication suffisante, c’est l’hypothèse du crime qui est retenue. Les autorités décident que l’équipage s’est livré à une beuverie puis a assassiné le capitaine et sa famille avant de s’enfuir dans des canots. Mais les barils d'alcool étaient intacts et les canots de la « Mary-Celeste » ont finalement été retrouvés. Sur quelles embarcations seraient donc partis les fugitifs ?

Les armateurs soulignent que le capitaine était très apprécié de ses hommes et que nul autoritarisme exagéré ne régnait sur son vaisseau. En outre, l’alcool contenu dans les barils n’était pas buvable. Il aurait provoqué des brûlures d’estomac et risquait même de rendre aveugle. Enfin, quand des hommes se mutinent, ils ne partent pas en laissant leur cantine et tous leurs effets personnels.

Le mystère de la Mary Celeste fait le tour du monde. On finit par renoncer à éclaircir cette énigme et le vaisseau est vendu. La légende n’a fait que s’embellir de détails ajoutés après coup. De nombreuses solutions, plus ou moins délirantes, ont été proposées, de l’attaque d’un poulpe géant à l’intervention des extraterrestres !... La Mary Celeste s’est échoué une dernière fois en 1885 en emportant avec elle son secret.


Auteur: FG - Reçu le 3 Janvier 2008 - Sous toutes réserves